3. Comment annihiler les causes du terrorisme en France
50 ans de dérive ne se corrigent pas en un quinquennat. Éteindre une à une les causes décrites précédemment sera l’œuvre peut-être d’une génération, à mener sur le court terme et le long terme, simultanément, avec constance, pédagogie et cohérence : c’est la clé de l’efficacité.
Cette action doit s’appuyer sur un nouveau référentiel de valeurs. En tant que Nation de droit, nous avons besoin de principes pour régler notre comportement ; établis pour un monde passé, ceux du Siècle des Lumières ont vécu. Daech nous fait prendre conscience qu’il est temps d’inventer ceux de notre époque, allant plus haut dans notre conquête d’humanité.
Rien ne se fera sans un large appui populaire. Comment imaginer que la pensée sur les valeurs, le quotidien de la vie, soit confisquée par une élite auto-déclarée, au simple motif que sa parole est la plus universaliste mais par là même, hors sol ?
Il y aura aussi un immense effort de pédagogie à fournir.
D’une part, parce que ces actions n’auront pas un effet immédiat. Aucun dispositif policier n’empêchera à coup sûr un djihadiste de jeter soudainement sa voiture contre un arrêt de bus ou une terrasse de café, ou d’attaquer des passants ou des lieux de culte à l’arme blanche. Il y aura encore des morts. Nous devons l’intégrer, y être résilients, tout en gardant confiance dans la ligne d’action choisie, et les dirigeants qui la portent.
D’autre part, parce qu’il nous faut partager la même (et la bonne) analyse de la situation pour agir en Nation, à bon escient.
Sur ce sujet, dire que nous sommes en guerre contre Daech est impropre. Même si nous affrontons une violence létale.
Si nous étions en guerre, Daech avec son armée d’à peine 30 000 hommes, régentant moins de 10 millions d’habitants loin d’être tous fanatisés, n’aurait aucune chance de nous vaincre, et serait stupide de le tenter. Et de notre côté, un corps expéditionnaire terre air mer déterminé d’une armée professionnelle bien équipée en aurait raison en quelques mois.
Ce n’est pas ce qui se passe, dans ce conflit « sans contact ». Penser en termes de guerre, c’est se tromper sur le concept de situation d’agression.
Il est bien plus pertinent d’analyser cette conflictualité inédite comme s’il s’agissait d’une épidémie virale, ou d’une accidentologie aérienne ou industrielle : un terrain favorable aux agents pathogènes (ou à l’accident) se constitue, des évènements déclenchants se produisent, des populations plus particulièrement « à risque » apparaissent et sont atteintes, des actions de prévention, des structures de veille et de soin se mettent en place …
Là où le concept de guerre nous ferait rechercher l’élimination des « agents pathogènes » djihadistes, celui de l’épidémie virale nous fera agir sur le soin aux victimes, la protection des populations à risque, l’établissement d’un système d’alerte, la destruction ou la réduction des constituants du terrain favorable, simultanément.
C’est cet angle-là que nous utilisons pour construire ce plan de lutte contre les attentats de Daech.
Nous avons identifié dans l’article précédent 10 causes d’attentats en France :
- Une omerta chronique sur les politiques d’immigration et d’asile politique française
- La constitution d’une masse de population de culture musulmane, trop laissée à elle-même
- L’institutionnalisation de l’islam, religion de gouvernement exogène à notre identité
- La banalisation de la violence virtuelle
- La proximité numérique créée par internet
- L’affaiblissement collectif du sentiment national
- L’incohérence de la politique étrangère française au Moyen Orient
- Le niveau du stock d’armes illicites, y compris de guerre, en France
- L’incapacité de l’UE à maîtriser ses frontières
- Une inadaptation de notre référentiel de valeurs et de notre droit à cette conflictualité
Certaines relèvent du domaine stratégique : la 2, la 6 et la 10, et peut-être la 9 ; nous y reviendrons. Demandant au moins 10 ans de mise en place, elles requièrent une approche toute particulière.
D’autres appartiennent au domaine tactique, et sont à l’échelle d’un quinquennat : la 1, la 3, la 5, la 7.
Enfin, certaines causes d’attentats sont « nice to have », s’éteignant dès lors que les autres sont traitées : la 4, et la 8 :
A ce stade, les actions exposées sont des lignes directrices qui auront à être précisées.
1) Champ du stratégique (causes 2, 6, 10, et 9)
Il s’agit là de supprimer ou affaiblir les facteurs constituant le terrain favorable au terrorisme qui s’est graduellement installé en France
Cause 2 : La constitution d’une masse de population de culture musulmane, trop laissée à elle-même
- Agir à la source :
Dans le cadre de la politique d’immigration redéfinie, et des relations des religions avec la République (traitement des causes 1 et 3, voir plus loin), établir et mettre en œuvre un programme de découverte et d’appropriation des droits et devoirs issus de nos caractéristiques culturelles et politiques, à respecter pour s’intégrer au tissu national.
Ce programme sera obligatoire pour tout immigrant originaire d’un pays maghrébin ou africain musulman, et se conclura par un acte d’engagement individuel, nécessaire pour être en situation régulière.
- Former les adolescents :
Développer un programme renforcé de comportement citoyen dans les collèges et lycées, sur la base de débats pédagogiques sur des situations de la vie courante et les comportements à adopter, en faisant le lien avec les principes qui les sous-tendent, et leur bien fondé. Ce programme sera intégré à part entière dans l’évaluation des compétences acquises en fin d’année, conditionnant, comme les autres matières, le cursus scolaire.
- Responsabiliser les parents :
Par les services d’action sociale des communes et de l’Etat, conduire un plan de rencontres quartier par quartier, exposant les principes du comportement citoyen dans une République laïque, à suivre dans les situations de la vie courante, leurs raisons d’être, les moyens qui seront engagés pour les faire respecter, et donnant lieu à échanges d’appropriation permettant notamment de préciser le rôle et la responsabilité d’éducation des parents dans ce domaine.
Cause 6 : L’affaiblissement collectif du sentiment national
Ce sentiment d’affection pour la Nation, d’appartenance à une même collectivité, doit être cultivé par un faisceau d’actions, dont l’effet se renforce mutuellement.
- Développer la participation citoyenne aux affaires de la France:
Nous avons pratiquement tous les moyens techniques sécurisés de faire régulièrement des consultations à l’échelle de la Nation, sans monter toute la machinerie des campagnes, bureaux de vote, etc…. sur des sujets sociétaux notamment. Cette association directe, instantanée à des décisions à portée nationale plusieurs fois par an, est de nature à se sentir davantage partie prenante de la vie de la Nation.
- Renforcer le caractère national de l’Education
Cela porte sur trois axes :
Renforcer l’enseignement de l’Histoire de France, en veillant à montrer combien nous sommes les héritiers bénéficiaires, les acteurs et les transmetteurs d’un patrimoine pour partie reconnu comme universel,
Développer un programme Connaissance des Régions de France, avec vidéos, TIPE, échanges entre lycéens, ….
Multiplier les symboles de la République dans les établissements d’enseignement public ou privé : drapeaux, bustes de la République, Marseillaise,…
A ces actions s’ajouteraient celles de la cause 2, prévues dans les lycées et collèges
- Créer des occasions de célébrations nationales
Par exemple, créer un concours de « l’action de rayonnement française de l’année », portant sur un succès industriel, artistique, scientifique, sportif,… particulièrement remarquable.
- Se donner les moyens de piloter le sentiment national
Créer une Mission et un Observatoire sur ce sujet, relevant directement du Premier Ministre, ayant pour tâche d’orienter, coordonner et appuyer les actions, et faire des analyses régulières de l’évolution de ce sentiment national, et de produire des recommandations opérationnelles.
Cause 10 : Une inadaptation de notre référentiel de valeurs et de notre droit à cette conflictualité
Ce point a été développé dans l’article « La Déclaration des Droits de l’Homme : universelle, vraiment ? » sur ce blog.
L’idée générale est qu’on ne peut se contenter de définir les droits de l’individu dans une société humaine (Déclaration des droits de l’Homme), mais que l’espèce humaine en tant que telle a aussi des droits : à commencer par celui d’accomplir son destin dans l’Univers, quel qu’il soit, d’y grandir et de s’y développer.
Nul pouvoir, nulle religion ne peut entraver sa marche en avant, en décrétant figer son évolution à un moment de son histoire, comme le fait Daech. C’est un crime contre l’espèce.
La France, parce qu’elle souffre particulièrement en ce moment de ce crime, et parce que c’est son génie propre, a toutes les raisons de prendre la tête de cette réflexion nouvelle, et d’en concevoir les termes avec l’aide de la communauté internationale.
- Construire la Nouvelle Déclaration des droits de l’Espèce Humaine
Il faut organiser à Paris des symposiums de philosophes et de penseurs, peut-être un lieu permanent d’échanges et de collecte des idées, en prise directe avec des contributions citoyennes, où se construirait, phrase à phrase, la Déclaration des Droits de l’espèce humaine. Elle ne renierait pas la Déclaration des Droits de l’Homme, mais viendrait la compléter, comme la relativité d’Einstein le fait pour la gravitation de Newton.
- Amender notre droit pénal
Ce texte permettrait de réformer notre droit où c’est nécessaire, et donner l’assise légitime à nos actions de défense
- Rendre cette Déclaration universelle:
Porter cette nouvelle Déclaration au niveau de l’Europe, ainsi qu’à l’ONU pour le faire adopter comme nouveau référent mondial
Cause 9 : L’incapacité de l’UE à maîtriser ses frontières
Avec son intitulé, on sent bien que cette cause est structurelle, et qu’elle mérite une action de longue haleine comme les autres. Il faut donc y travailler, en élaborant un projet de politique de contrôle efficace des frontières européennes, et le faire adopter.
Mais en même temps la France ne peut attendre si longtemps : 5, 10 ans peut-être, entre décisions et mise en œuvre opérationnelle.
Par conséquent, la France doit invoquer, et à juste titre, une menace sur ses intérêts vitaux et reprendre, immédiatement et pour une durée indéterminée, la maîtrise de ses frontières. Elle ne reverra sa position qu’une fois mis en place le système européen de contrôle pleinement opérationnel.
Le contrôle national aux frontières réduira instantanément et significativement la dangerosité de cette cause, ce qui du coup la sortirait des actions long terme.
L’ensemble de ces actions structurelles aura à être mené sur une longue période : dix, peut-être quinze ans.
Pour cela, elles doivent relever d’une nouvelle logique de définition, lancement et conduite, qui sera décrite plus loin (cf.4 Reconfigurer l’exercice du pouvoir).
2) Champ du tactique (causes 1, 3, 5, 7)
Il s’agit là de définir et mettre en œuvre nos systèmes de défense contre Daech, ce qui est réalisable à l’échelle d’un quinquennat.
Cause 1 : Une omerta chronique sur les politiques d’immigration et d’asile politique française
Ces politiques doivent être reconstruites autour de principes clairs, et largement diffusées auprès des candidats à l’immigration comme au refuge politique :
- Une immigration graduelle et différenciée, basée d’abord sur l’intérêt économique de la France :
Tout d’abord, large accès aux étudiants universitaires, pour la durée de leurs études, et ayant vocation à rentrer dans leur pays d’origine ensuite. Cependant, le succès final faciliterait l’intégration par naturalisation si ces étudiants le souhaitent.
En-dehors de ce cas particulier, établissement chaque année d’une liste de quotas de besoins par métier et sur critères démographiques, en fonction des besoins et des projets de l’économie française.
Pour les immigrés correspondant à un de ces besoins métier : période de 2 ou 3 ans pour s’installer et se faire à la vie en France, avec proposition d’un soutien d’accueil (français, formalités, ….) ; au terme de cette période, nécessité pour l’immigré d’opter soit pour un retour, soit pour une intégration de longue durée ; dans ce dernier cas, et si sa demande est acceptée, participation obligatoire à un programme d’intégration à la République et à ses valeurs.
Pour ceux qui ne correspondraient pas à un besoin métier, accès numériquement limité (ex : 20% de la somme des besoins métier), pour une période probatoire d’un an leur permettant d’établir leur viabilité économique et sociale : emploi, logement, … ce qui leur ouvre l’accès au programme d’intégration ci-dessus ; si ce n’est pas le cas, retour automatique au pays d’origine, sans possibilité de retenter d’immigrer une autre fois sous ce régime.
Ces dispositions seront applicables également aux ressortissants européens, tant que les différences de législation sociale seront importantes
- Un refuge politique pour les plus fragiles, sous condition d’engagement
De droit, accorder le refuge politique aux membres les plus fragiles (femmes, enfants, personnes âgées ou malades,….) des familles de ceux qui font la preuve qu’ils combattent leurs ennemis pour défendre leur juste cause
Ce refuge politique dure le temps du conflit, et comprend une assistance à la santé, à l’éducation, à la socialisation
En tant que tel, il n’a pas vocation à conduire à une intégration ; si le souhait en est exprimé, on revient au processus d’immigration décrit plus haut.
Cause 3 : L’institutionnalisation de l’islam, religion de gouvernement exogène à notre identité
- Affirmer la séparation de la religion et de l’Etat, corriger les exceptions
Avec le temps, et la paix sur le front des religions, certains élus, L’Etat même, se sont relâchés et sous la pression de lobbies, ont pris des libertés avec l’esprit et la lettre de la loi de 1905.
Il faut revenir à une application stricte de cette loi. Tout avantage accordé à une religion atteint le principe d’égalité devant la loi, et justifie interrogations et tensions chez les autres.
Toute subvention distribuée, tout financement accordé doivent être arrêtés immédiatement, et faire l’objet d’un accord de remboursement pour les montants déjà perçus.
Les élus récalcitrants feront l’objet de mesures de déchéance de mandat, pour non application de la loi, selon les règles en vigueur.
- Etablir un Concordat entre la République et l’islam
L’Etat définit fermement ce qu’il demande aux pratiquants de l’islam de respecter en France, notamment ce qui a trait :
- A l’acceptation et au respect des autres religions,
- Au renoncement à vouloir exercer, au nom de leur religion, une domination dans la conduite des affaires publiques,
- A la reconnaissance de la suprématie sans partage des lois de la République dans la vie collective nationale,
- A l’abandon de la recherche d’imposition de pratiques personnelles vestimentaires, alimentaires, de prière ou de jeûne, à la collectivité dans laquelle le pratiquant se trouve (entreprise, école, administration,…)
- A l’engagement sur les modes de financement des activités religieuses ou para-religieuses, exclusivement par les dons des fidèles nationaux, financements audités régulièrement
- A ne reconnaître comme imams que les personnes ayant été formées en France, de nationalité française et exerçant leur ministère en français
La liberté de pratiquer l’islam en réunion sera à ce prix, la liberté de croire et prier restant intacte dans le cadre de la sphère privée.
Il sera par ailleurs vérifié qu’aucune autre religion présente en France ne contrevient aux règles exprimées dans ce Concordat.
- Définir le mode de ratification de ce Concordat par les musulmans en France
Autant que possible, ce Concordat sera examiné et ratifié par une assemblée d’autorités musulmanes françaises, dûment mandatée pour engager l’ensemble des pratiquants présents en France
Sinon, procéder à un référendum des pratiquants répertoriés dans les mosquées
- Instaurer une formation correspondante pour tous les imams présents, ou entrants sur le territoire pour exercer leur ministère
Faire des imams une profession réglementée, accessible uniquement à ceux ayant suivi une formation diplômante spécifique, sous contrôle de l’Etat
Conditionner l’exercice temporaire de leur ministère par des imams étrangers à la détention de cette même qualification (et au prêche en français, naturellement)
- Procéder aux destitutions et le cas échéant aux expulsions d’imams, en cas de manquement au Concordat
Les non observations publiques des règles de ce Concordat seront considérés non comme un exercice de la liberté d’opinion, mais comme attentatoires à la cohésion nationale, en intelligence avec l’ennemi
Cela peut déboucher sur des condamnations pénales, ou même des expulsions sans délai
Cause 5 : La proximité numérique créée par internet
- Eriger en délit la consultation ou le partage de contenus de sites islamistes
C’est ni plus ni moins que de la sympathie envers un ennemi et ses thèses mortifères, et la loi doit acter cette réalité et l’inscrire comme délit au pénal, qu’elle se soit réalisée par internet ou par rencontre
Cette information doit être largement diffusée par les médias, les réseaux sociaux, les établissements d’enseignement,…
- Impliquer les proches de personnes ayant déjà été en contact avec des sites islamistes, ou des imams salafistes
Une personne ayant été en contact avec des sites ou des imams salafistes est potentiellement contaminée, et peut entamer un processus de fanatisation
Comme pour une épidémie, il faut l’isoler et la traiter par une contre propagande appropriée,
Il faut aussi s’occuper de son entourage (amis, famille, camarades de classe,….), à double titre : il est en situation de risque de contamination, et il est aussi le mieux placé pour alerter sur le développement de ce foyer de radicalisation. Cet entourage fera donc l’objet d’actions de sensibilisation sur le risque de radicalisation, et sur ses conséquences potentielles.
Cette responsabilité d’alerte portée par l’entourage doit être assortie, en cas de non application et de passage à l’acte terroriste, de mise en examen pour complicité
- Rendre le plus possible inopérants ces mêmes sites par toutes mesures de saturation ou de blocage adéquats
C’est là un domaine d’action où la lutte est permanente, où rien ne sera jamais totalement acquis ; on ne peut que chercher à cantonner, pas à éradiquer, et pour cela y consacrer, avec une coopération internationale, des moyens supérieurs à ceux de Daech, que l’on peut de surcroît tenter de neutraliser.
Cause 7 : L’incohérence de la politique étrangère française au Moyen Orient
- Tenter la voie de l’Europe pour concevoir et partager une vision sur le Moyen Orient
Si l’Europe a un rôle incontournable à jouer dans le monde et vis-à-vis de ses Etats-membres, c’est bien celui-là : concevoir un schéma d’ensemble d’organisation de cette partie du globe, qui lui est immédiatement voisine, et tout faire pour le réaliser ; entre-temps, définir une politique économique, militaire, diplomatique et humanitaire cohérente et fortement contributive, pour ne pas dire décisive, à la réalisation de ce schéma
Le gouvernement français doit tenter de faire éclore et vivre cette vision d’ensemble au niveau européen, même si la chance de réussite est infime.
- Si c’est impossible, concevoir et bâtir la voie française lisible et constante, la faire connaître et l’appliquer
Etablir de la même façon une vision d’ensemble du Proche Orient, sans se donner l’ambition de la concrétiser, mais pour se constituer un « juge de paix » des actions à décider, et une base à notre diplomatie
Promouvoir constamment l’arrêt des hostilités, qui ne résolvent rien
Aider les pays partageant nos valeurs à se défendre
Ces règles étant posées comme prédominantes, agir selon nos intérêts nationaux assumés.
3) Champ du « nice to have » (cause 4, 8)
Ces actions portent sur des causes moins déterminantes que celles qui viennent d’être passées en revue, dont le traitement minimisera encore plus leur portée : le nombre d’armes illégales en circulation devient en effet anecdotique dès lors que plus personne n’a envie de s’en servir à des fins terroristes.
Il conviendra alors de simplement agir dans le cadre de la loi pour trouver et confisquer les armes (cause 4) et de renforcer les mesures de protection des mineurs contre l’usage excessif de jeux violents, ou de répression de la primo-délinquance (cause 8).
4) Reconfigurer l’exercice du pouvoir
L’ensemble de ce vaste programme a une condition de réussite indispensable : réformer l’exercice de la politique.
La raison en est simple : le système politique en place « fabrique » un personnel coupé des réalités, absorbé par les jeux d’ego, et incapable de penser et d’agir pour l’intérêt général…. tout le contraire de notre besoin, en ce moment de crise et de reconfiguration.
Pour que les acteurs politiques changent leurs comportements, Il faut changer les règles du jeu.
Cette réforme porterait au moins sur les aspects suivants :
- Soustraire les actions structurelles ci-dessus du champ électoral pour 10 ans au moins
Ces actions ne réussiront que si elles sont conduites avec constance et détermination, sur une période excédant un mandat présidentiel. Or, le risque est actuellement trop grand de voir, à l’occasion d’une nouvelle majorité, l’ouvrage entamé se faire entièrement détricoter.
Il faut donc en faire un domaine « sanctuarisé » (pilotage, ressources, mise en œuvre) placé hors de portée des politiques pour 10 ans au moins, sa légitimité étant obtenue par le suffrage universel.
- « Décarriériser » le personnel politique
La politique ne doit plus être un métier, mais une période de la vie active consacrée au bien public. Cette période doit être limitée (autour de 10 ans maximum tous mandats confondus), pour faciliter de réelles reconversions. Ainsi, on évitera les comportements carriéristes, les luttes d’appareil et les attitudes clientélistes pour durer.
- Instaurer les « contrats de mandature »
En complément, il faut installer, pour chaque renouvellement de mandat un « cahier des charges » établi par consultation citoyenne, et une évaluation des résultats, sur la base de ce même cahier des charges, établie par des experts indépendants : cela rapprocherait élus et citoyens, autour de la réussite des mandats.
- Développer les consultations citoyennes
L’idée est là de faire contribuer très étroitement l’ensemble des citoyens à des choix de vie en société, afin qu’ils en acceptent à l’avance la mise en place, qu’ils auront majoritairement voulue
Outre l’amélioration de l’adhésion, et la qualité probablement meilleure des décisions ainsi prises, on obtiendra aussi certainement un renforcement du sentiment d’appartenance à la Nation (cause 6), si important comme on l’a vu contre le terrorisme.
- Redonner de la hauteur à la fonction de Président de la République
Nous n’avons plus de Président en France : nous avons qu’un PDG multi-tâches, boulimique comme N. Sarkozy, ou anecdotique comme F. Hollande. Se mêlant de tout, pour faire peuple, ils en délaissent leur mission essentielle : voir loin, tracer un cap entre ce que nous sommes et ce que nous serons, entraîner les Français par cette vision.
Le passage au quinquennat est à l’origine de cette dérive, quinquennat censé rendre le pouvoir plus efficace en unifiant le Parlement derrière le Président, et éviter les cohabitations immobilistes : on en voit les désastreux résultats.
Il faut réinstaller le Président de la République dans cette fonction essentielle, déterminante même dans la période que nous traversons ; et pour cela, redonner de l’amplitude à ce mandat, entre 7 et 10 ans, non renouvelable.
Nous aurons à changer. Mais nous gagnerons.
Daniel Rigaud