Il a fallu Irma pour que la plupart d’entre nous apprennent que l’île de Saint Martin, et dans une moindre mesure Saint Barthélémy, était un autre territoire délaissé de la République : criminalité plus élevée qu’ailleurs, immigration massive illégale, infrastructures, services publics d’éducation et de santé insuffisants.
Chômage, ignorance, trafics au soleil des tropiques, sous la gouvernance d’une communauté territoriale en place depuis 2007, et dépassée par ses responsabilités, le tout sous couvert d’un tourisme bon marché.
Mais que fait notre grande République Française pour son confetti tropical ?
Après l’avoir délaissée des années pendant que la partie hollandaise de l’île développait ses atouts, comme une sale blague la République a laissé cette communauté de 35 000 habitants désenchantés choisir ce statut de communauté territoriale dix fois trop vaste pour elle. Le tout au nom des grands principes républicains, en esquivant la seule question qui vaille : la faisabilité économique, sociale, stratégique, sociétale de cette nouvelle gouvernance.
Il y a eu en 2014 un rapport parlementaire dressant un bilan mitigé de l’évolution de l’île. Ce rapport énonce 32 propositions pour améliorer la situation : lesquelles a-t-on lancé ? Où en sont-elles ?
Mais voici le plus choquant : aucune de ces propositions ne traite de l’état de préparation de l’île au risque d’ouragan, et de ce qu’il conviendrait de faire préventivement, ne serait-ce qu’au niveau des infrastructures ou des interventions publiques.
Alors bien sûr maintenant la communauté nationale va aider, collectivement ou par des dons individuels. De l’eau, de la nourriture, des reconstructions d’habitat ou d’écoles, le rétablissement des réseaux.
Mais ce n’est pas au niveau.
Ce qui serait au niveau, ce serait de durablement prendre en charge la vision stratégique sous aléa climatique majeur. Bâtir et réaliser un scénario de développement, un mode de vie intégrant pleinement l’occurrence fréquente, pour ne pas dire régulière d’ouragans.
Construire des hôpitaux en partie souterrains, des entrepôts d’eau, de nourriture et de médicaments de première nécessité indestructibles, non inondables, approvisionnés préventivement à chaque automne, enterrer les réseaux électriques,….
Nous avons les compétences, les technologies, les entreprises capables de faire cela. Nous pourrions même, qui sait, en tirer un savoir-faire exportable, à haute valeur ajoutée, associant nos Grands Groupes d’urbanisme, d’aménagement territorial, du BTP, de l’eau, et de l’énergie !
Alors de deux choses l’une :
• Ou nous estimons, pour des raisons d’intérêt national, que la France s’étend jusqu’à cette île et à tout l’arc antillais, avec ses malheurs climatiques, et partageons notre meilleur manteau de savoir-faire et de moyens avec ses habitants, pour qu’ils puissent avoir les mêmes chances de développement que n‘importe quel citoyen en métropole, périodes cycloniques incluses,
• Ou nous ne voulons pas, ou plus, assumer cette responsabilité, et alors rapatrions dans de bonnes conditions ces quelques milliers d’habitants français en métropole, et abandonnons l’île aux Hollandais, ou à la nature.
On décide quoi, Monsieur le Président ?
Daniel Rigaud