Conjecture 4.0

7. Le Bateleur

Ce 26 mars, on venait de changer de dimension.

On n’avait plus affaire à un moyen pour faire libérer quelques activistes, ou stimuler un secteur de l’économie. Avec ce braquage de Linky, et la brève interruption d’une heure de réseau d’électricité du sud-est de le France, le propos, le message devenait autre.

Certes, GROUP gardait sa marque de fabrique : s’enrichir n’était pas son moteur.

Mais là, GROUP venait non seulement de prendre à témoin toute la population, mais en faisait la bénéficiaire de sa revendication. Ce faisant, il n’était plus un sympathique mais probablement éphémère Robin des Bois, en sursis d’arrestation : il se posait, face au Roi,  en défenseur de tous les sujets du Royaume. En suzerain rival, étincelant de ses armes numériques.

Le terrain était bien choisi : prendre aux banques, souvent honnies dans l’inconscient populaire, paraissait un juste retour de bien des années de prélèvements excessifs ou de refus frileux. Et revendiquer sur ce captage sans contrepartie d’informations sur des habitudes de vie personnelles, le paraissait tout autant.

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6. Neuf de Coupe

La foudre de Jupiter ne s’abattit sur personne. Aucune défaillance dans le dispositif de surveillance du commando ne s’était produite. Les procédures ne pouvaient anticiper le temps d’avance technologique de GROUP, dont l’étendue se révélait un peu plus à chaque fois. Emmanuel Macron le comprit très vite et, levant ses sourcils  d’imperator, n’eut qu’un mot pour son nouveau ministre de l’Intérieur venu au rapport : « Retrouve-les. »

Pendant février et mars, l’onde de choc de l’irruption de GROUP s’étendit au pays. L’image initiale forte de terroriste s’estompa pour faire place, malgré les efforts du gouvernement et des média, à celle d’une sorte de  Robin des Bois numérique, auréolé de mystère et crédité, à tort ou à raison, d’intentions bienveillantes.

Sensibles à toutes les nouvelles tendances, les influenceurs de toutes sortes lancèrent sur les réseaux sociaux des discussions aussi enflammées que spéculatives, à coups de #groupfan, #groupjustice, atteignant rapidement les centaines de milliers de followers.

Une « GROUP fashion » se développa aussi, les industriels de l’éphémère se jetant sur cette marque non protégée, pour produire Tshirts, casquettes, objets dérivés, tous floqués GROUP. Avec un vif succès.

Des reportages se préparaient fiévreusement pour rendre compte de ce phénomène, et spéculer sur la nature de GROUP. Comme tout le monde. Mais pour bien d’autres, qui ne cherchaient pas la lumière, l’essentiel n’était pas là. (suite…)