4. Le Fou
Paris, mardi 26 janvier, matinée
L’onde de choc de la coupure des réseaux télécom la veille, même en fin de journée, avait produit son effet dévastateur. Bien sûr il y avait eu les gênes factuelles : contacts du business nomade interrompus, renvoyés subitement aux e-mails infiniment moins flexibles ; rendez-vous de dernière minute rendus tout à coup impossibles ; applications du quotidien, pour réserver un taxi, se faire livrer un repas, choisir sa salle de cinéma ou son restaurant, indisponibles.
Mais au-delà, une espèce d’état de manque avait gagné les esprits. Ce sevrage brutal de la consultation devenue compulsive de son smartphone pour s’informer, scruter ses messages, les lire et y répondre de toute urgence même sans nécessité ou intérêt, générait une anxiété, un sentiment d’être seul dans une foule inconnue. Jeté hors de sa bulle irisée de confort médiatico-phonique, chacun se découvrait nu et vulnérable, sourd et muet. En un mot, étranger. Et personne de connaissance avec qui en parler.
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