Je déteste les Anglais
Ils ont le don de m’agacer avec leur manière d’interpréter les règles à leur profit tout en faisant mine de les respecter. Avec leur attitude un peu navrée pour nos insuffisances : vos efforts sont méritoires, mais bon, il est normal que vous ne puissiez y arriver tout à fait, vous n’êtes pas Anglais.
C’est l’horripilant :
Nous Français, semblons nés pour nous chamailler éternellement avec eux, en voisins que la Manche a la bonne idée de séparer. En ennemis préférés, dans une relation infernale d’admiration inavouée et de détestation affichée réciproques.
Mais j’adore les Anglais
Parce que dans les circonstances les plus tragiques de notre Histoire, quand la vie de nos Nations est en jeu, nous nous retrouvons pour combattre ensemble. Parce qu’il y a en eux, comme en nous, la croyance que maintenir une âme nationale surpasse tout, sans trémolo mais sans concession.
L’Angleterre quitte l’Europe. Pourquoi ?
On peut avancer de nombreuses explications : immigration, contraintes réglementaires, scission entre élites mondialisées et population en perte de repères,….
Mais on peut aussi s’en étonner, si on se souvient des nombreux passe-droits et avantages que l’Europe lui avait accordés à son entrée, des réductions de contributions obtenues sous Thatcher, du développement de la City grâce à l’accès aux marchés financiers européens. Pour un pays ne faisant pas partie de la zone euro : the butter and the money of it !
Mieux encore : l’esprit libéral domine les orientations économiques, sociales et réglementaires européennes, mettant en priorité dans tous les traités la recherche de la productivité. Un paradis pour un Anglo-Saxon.
Alors, pourquoi ?
Les Anglais sont des gens pragmatiques : l’Europe était là, les Etats-Unis leur ont dit que ce serait bien d’y être, ils sont entrés, ont posé au comptoir leur melon et leur parapluie, et ils ont attendu. Wait and see.
Attendu de voir ce que l’Europe pouvait bien proposer de plus qu’être Anglais ; ce qui évidemment pour eux mettait la barre très haut.
Et l’Europe n’a pas répondu. Ou à côté, avec sa progressive dépossession de prérogatives des Etats, et son ignorance de la réalité des peuples. En tout cas, aucun projet transcendant les Nations.
Alors l’Angleterre s’en va de l’Europe, comme un consommateur d’un café où il ne se fait pas servir. Tranquillement, mais fermement. Pas atteint.
Et tout cela dans une évidence démocratique impressionnante. Le référendum promis et organisé par Cameron était consultatif, et cependant il n’est venu à l’esprit de personne d’en profiter. Le Parlement, le gouvernement, tout s’est aligné sur la volonté du peuple. Tous dans le même bateau, tous solidaires, tous conscients que ce sera difficile, mais que ce le sera moins ensemble.
Et pendant ce temps, L’Europe cherche à nous conduire dans des directions qui ne nous correspondent pas profondément, sous la contrainte des traités. Nos dirigeants, par manque de courage, de confiance en eux ou d’ambition pour la France, ont renoncé et nous cachent les réalités. Ils bidouillent des mesures quand une crise éclate, cherchent plus à effrayer sur les conséquences qu’à traiter les causes. La campagne présidentielle actuelle en donne de belles illustrations.
Le Brexit ? En miroir, il nous met face à deux questions verticales :
- Renonçons-nous à ce que nous sommes, nous les Nations, pour le plaisir de nous dire européens ?
- Pour compléter et non remplacer les Nations, quel « saut qualitatif » crédible promet l’Europe ?
Ah, j’oubliais : c’est aux Nations de répondre.
Alors, pour cet appel provocant à nous dépasser pour mieux nous retrouver : God save Brexit !!
Daniel Rigaud
Merci cher Daniel de votre « post » de ce 31 janvier.
J’ai relu avec intérêt votre article « God save Brexit » d’avril 2017.
Et aussi votre article concernant la « Chine même pas peur » (1968 – 2028) de mars 2018
Votre synthèse et réflexions nous sont fort utiles … à comprendre, réfléchir. Quant à « agir » …
Vos écrits peuvent nous y aider assurément.
Continuez à nous nourrir.
Excellent week-end « coupe des 6 Nations » : que le sport persiste et nous mène vers du « meilleur »
Très amicalement
Catherine