Voici donc revenir, comme tous les ans, un des « marronniers » les plus rebattus du discours écologique : les ouragans tropicaux dont la vigueur, la vitesse des vents, la taille ou le diamètre de l’œil démontrent l’effectivité du dérèglement climatique causé par l’attitude irresponsable des hommes dans leur consommation d’énergie fossile (je cite).
Dans cet intéressant épisode de communication humaine, nous allons retrouver, par ordre d’entrée en scène :
- Les médias dans leur rôle de leveurs d’émotion, à coups de gros plans sur les destructions et les drames humains, et de trémolos sur l’irresponsabilité écologique de chacun qui crée ces malheurs
- Les experts, appelés en renfort par les premiers, qui vont dire qu’effectivement, même si on ne peut pas vraiment affirmer que les ouragans sont sensiblement plus fréquents (ils ne le sont pas), ni l’eau des océans nettement plus chaude (elle ne l’est pas), tout ça est quand même très inquiétant et qu’en 2050 on peut être sûr qu’il y aura des dizaines de millions de réfugiés climatiques qui se jetteront sur les terres encore émergées que nous occupons, et d’ailleurs il n’y a qu’à voir de combien de mètres la falaise d’Etretat ou la dune du Pyla ont encore reculé cet hiver. Et puis de toute façon, tout le monde sait bien que tout ça vient du CO² dans l’atmosphère. Discours suivi d’une tonne de silence culpabilisateur qui vous fait vérifier ipso facto que le thermomètre de votre salon ne dépasse pas 18°.
- Les ONG, dont les collectes de fonds surfent sur ces évènements-là, et vont s’abonder à l’émotion produite, sans même savoir quels sont les besoins. L’utilisation peut être loin de l’intention des donateurs, rappelons-nous Haïti ou Pukhet.
- Les politiques, sous une façade d’unité nationale, qui feront peu de chose mais sur place, annonceront des mesures qui « feront en sorte » que tout cela soit réglé rapidement n’est-ce pas Monsieur le Préfet.
Et puis il y a le bon peuple, qui reçoit tout cela. Sa très large majorité adopte le « prêt à penser » fourni par le discours ambiant, sans passer à l’action pour autant, parce que bien d’autres sujets le sollicitent. Au fond il n’est pas vraiment convaincu, mais ne veut pas investir pour se faire une conviction.
Les drames humains qui se nouent en ce moment, nous touchent et en appellent légitimement à notre solidarité individuelle et collective : très bien.
Mais cette émotion, aussi légitime soit-elle sur le plan individuel, peut-elle nous servir de guide pour une réflexion écologique solide ? Peut-on faire confiance à une approche qui vise à nous culpabiliser a priori, pour entraver notre capacité de jugement avant même qu’elle ne se déploie ?
Or l’écologie est un sujet important, qui ne mérite ni le matraquage actuel, ni l’indifférence de fond de la plupart d’entre nous.
Prenons ensemble quelques minutes pour poser le sujet de notre écosphère, et de l’incidence éventuelle de l’action humaine sur son équilibre. Pour les écolos intégristes qui hurlent déjà, précisons tout de suite que le mot « éventuel » n’est pas une conclusion, mais une précaution contre le parti-pris qui biaise le raisonnement.
Les conditions climatiques terrestres, phénomène d’une totale improbabilité
Plutôt que d’écosphère pour notre milieu de vie terrestre, il faudrait parler d’une « éco bulle » fine comme une bulle de savon (une trentaine de kilomètres en comptant large, soit 0,5% du rayon de la Terre) ; au-dessus, le vide sidéral à -270°C en général; en dessous, l’écorce, le manteau, le noyau terrestres atteignant progressivement 6 000°C. Une éco bulle non seulement improbable entre ces deux enfers thermiques, mais qui se maintient depuis des centaines de millions d’années dans une fourchette magique +50/-50°C, si nécessaire à la vie et à ses évolutions ! C’est aussi improbable que de tomber sur la tranche de la pièce, et surtout y rester, en jouant à pile ou face.
De plus, nous savons que dans son histoire la Terre a subi des chocs d’une violence inouïe (chute de géo croiseurs, super éruptions, changements de polarisation magnétique, tectonique des plaques …) qui ont bouleversé la géographie et le climat du moment, allant même jusqu’à la glaciation totale du globe (glaciation de Waranger).
Et pourtant ! A chaque fois, l’équilibre thermique de l’éco bulle est revenu dans cette fourchette +50/-50, et la vie est repartie de plus belle.
Il faut donc qu’il y ait de puissantes raisons pour qu’un tel équilibre se produise, dans une fourchette étroite (autour du point de liquéfaction de l’eau, justement matériau de référence de la vie terrestre), résiste ainsi aux aléas et dure si longtemps.
Notons cependant que pour des raisons multiples (paramètres orbitaux, variations de rayonnement solaire,…) la Terre est soumise depuis toujours à des cycles de glaciation / déglaciation ; étant depuis environ 12 000 ans en période interglaciaire, nous pouvons être sûrs d’une chose : nous nous dirigeons vers une période de glaciation terrestre.
Quelles sont ces puissantes raisons ? Quelles sont ces forces à l’œuvre, en équilibre dynamique durable ?
Les bonnes fées autour de notre berceau terrestre
Elles sont nombreuses et diverses, en voici les principales :
- Un positionnement adapté par rapport à notre étoile, ni trop près ni trop loin, en moyenne comme en périgée ou en apogée, dimensionnant à un seuil tolérable le flux solaire reçu,
- Une rotation terrestre sur elle-même mesurée, jointe à une inclinaison de son axe d’une vingtaine de degrés par rapport à la perpendiculaire au plan de sa trajectoire, instaure une variation d’exposition solaire et la succession de saisons, condition d’une mosaïque de climats,
- Un « chauffage central » produit par la radioactivité naturelle du manteau terrestre, équilibrant les pertes thermiques de la Terre,
- Une quantité d’eau considérable, à la fois milieu de vie alternatif ou originel, et fluide régulateur par la fabuleuse machinerie du cycle de l’eau et de sa transformation, permanente et sans perte, solide-liquide-vapeur
- Une lune qui vient ajouter du mouvement périodique aux océans, favorisant l’interaction entre la terre et l’eau, et l’évolution de la vie
- Une atmosphère riche en oxygène, suffisamment consistante pour constituer un troisième milieu de vie, support du cycle de l’eau, et protectrice contre les météores et les radiations de l’espace,
- Un noyau terrestre ferreux, en convection créant un champ magnétique autour de la Terre, protégeant son atmosphère des vents solaires éruptifs qui la souffleraient immanquablement
Voilà les fondamentaux à l’œuvre sur notre climat, gigantesques rapportés à l’échelle humaine.
A notre modeste place, sachons nous concentrer sur les vrais enjeux et ce qui est accessible à l’humanité
Il faut accepter que ces choses nous dépassent, et que le mieux que nous pouvons faire est de les comprendre, pour nous y adapter.
Les cyclones font leur travail de régulation climatique, et s’ils sont plus puissants, peut-être est-ce effectivement qu’il y a plus de chaleur océanique à évacuer. Où est le scandale ?
Nous savons depuis longtemps où et quand ils se produisent. A nous de nous garer sur leur passage, ou d’y adapter nos habitats, nos infrastructures et nos modes de vie.
Et si nous ne le faisons pas, ne nous étonnons pas de faire partie de ce que la nature régule.
Le discours écologiste prête à l’Homme une influence sur le climat qu’il n’a pas. Fort Heureusement, nous ne déplaçons pas la lune, nous n’arrêtons pas la convection du manteau terrestre. Tant que l’on reste dans cette fourchette de vie +50/-50, il n’y a pas de dérèglement climatique. Juste, peut-être, de la part de certains humains, un peu plus de suffisance manipulatrice, aux motivations douteuses.
Cela ne veut pas dire qu’il faut faire n’importe quoi en matière d’énergie ou de pollution. Mais de grâce, pas de millénarisme.
Cela veut dire aussi que nous devrions réfléchir à ce que nous devrions faire pour la prochaine période de glaciation, peut-être lointaine, mais elle, certaine. Et là il s’agira, pour des dizaines de siècles peut-être, de vivre dans un monde glacé….
Daniel Rigaud