La vive polémique du 7 octobre entre les eux dirigeants leaders européens, A. Merkel et F. Hollande, et M. le Pen au Parlement Européen sur la souveraineté, au-delà des effets de manche, ne manquait pas d’intérêt.
D’un côté, la thèse que la souveraineté est avant tout affaire nationale, et que l’Europe est l’enceinte où se confrontent, et on espère se conjuguent, les intérêts nationaux. Toute délégation de souveraineté à l’Europe est une renonciation.
De l’autre, la thèse que l’Europe permet aux Européens d’exister sur le plan mondial, et que cela ne peut se produire sans souveraineté européenne. Toute autre voie est un retour aux nationalismes à l’origine des dernières grandes guerres en Europe.
Dans les deux cas, la souveraineté est conçue comme une quantité finie, soumise par là même à la problématique des vases communicants : ce que gagne l’Europe en souveraineté est nécessairement perdu pour les Nations qui la composent.
La cible, ce n’est ni des Nations fortes, et une Europe faible, ni des Nations faibles et une Europe forte. La cible, c’est une Europe forte, et des Nations fortes.
Les Groupes Sociaux Nation jouent un rôle essentiel dans la construction de leurs citoyens, par l’histoire, la langue, la culture, la géographie partagées. Ce rôle doit être maintenu, renforcé et protégé comme un trésor, source de nos originalités, et de nos complémentarités créatives. La Nation a, et doit avoir, un projet culturel et humain spécifique.
Le Groupe Social Europe a une autre vocation : penser l’humanité sur terre. L’équilibre des territoires, le partage des savoirs et des richesses, le développement respectueux de la planète. Nulle Nation en Europe n’a la capacité à se faire entendre seule sur ces sujets, et ne l’a jamais tenté d’ailleurs, hors peut-être la France avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Le Groupe Social Europe n’est pas, ne peut pas être, un super Groupe Social Nation, et ne doit pas chercher à niveler les originalités nationales : ce serait une bataille perdue d’avance, une violence faite aux peuples, de surcroît destructrice de valeurs humaines inestimables. Son champ d’action, penser l’humanité sur terre, est une terre vierge magnifique à conquérir. Comprendre cela, le mettre en œuvre, par un processus pleinement démocratique, ralliera tous les peuples.